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VIE DE MOHAMMED.

à dos; en même temps on cria que Mohammed était tué. Le désordre s'étant mis alors parmi les Musulmans, l'ennemi leur fit éprouver de grandes pertes, et ce fut pour eux un jour d'épreuve; soixante-dix d'entre eux succombèrent, et les infidèles perdirent vingt-deux hommes. Cependant les enne- mis parvinrent à l'endroit où se tenait le prophète; atteint par leurs pierres, il tomba à terre; une de ses dents de devant fut brisée (80); il fut blessé au visage et à la lèvre. L'auteur de cette blessure fut Otba, fils d'Abou-Waceas, frère de Saad. Le sang commença à couler sur le visage du prophète qui dit alors : « Comment pourrait prospérer un peuple qui a souillé de sang le visage de son prophète au moment où il l'appe- « lait à la connaissance du Seigneur ? Ce fut à ce sujet que descendit cette parole du Très-Haut (81): Pea t'importe qu'il les punisse ou qu'il leur pardonne, car ce sont des impies. Deux des anneaux du casque de Mohammed étaient entrés, par la force du coup, dans le visage du prophète, et Ahou-Obaïda, fils de Djerrah, en ayant arraché un, l'une de ses dents tomba; il arracha l'autre et perdit encore une dent, en sorte P. A qu'il en eut deux de moins. Senan, père d'Abou-Said, de la tribu des Benou-Khoudr, suçait le sang du prophète qu'il ava- lait ensuite, et le prophète lui dit : « Celui dont le sang s'est « mêlé au mien ne sera point atteint par le feu de l'enfer. » La tradition rapporte qu'en ce jour-là Talha fut privé de l'usage de sa main par un coup dont il préserva le prophète : Mohammed était revêtu de deux cuirasses.

Hend et ses compagnes mutilèrent les compagnons du pro- phète qui avaient sucombé dans le combat, leur coupant le nez et les oreilles pour s'en faire des colliers; puis Hend arracha le foie de Hamza, qu'elle mácha, mais sans l'avaler. Son mari, Abou-Sofian, ayant frappé de l'extrémité de sa lance la lèvre de Hamza, gravit la montagne et s'écria : «Les armes