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et résolurent de choisir un homme dans chaque tribu, afin que tous ces conjurés frappassent ensemble, comme un seul homme. Mohammed de leurs épées, et que son sang, dans lequel toutes les tribus auraient trempé, restât sans vengeance. Le prophète instruit de leurs projets, ordonna à Ali de se coucher dans son lit revêtu de son manteau vert, puis de rendre à leurs possesseurs, après son départ, les effets qui lui avaient été confiés. Cependant les infidèles étaient déjà à la porte du prophète épiant sa sortie pour l’assaillir. Alors le prophète prit une poignée de terre, et récitant le commencement de la surate Yasin(56), jeta cette poussière sur la tête des infidèles, et passa sans qu’ils le vissent. Quelqu’un cependant survint et leur dit : « Mohammed est parti et a jeté de la terre sur vos têtes ; » mais eux se mirent à regarder avec attention, et voyant Ali revêtu du manteau du prophète, ils dirent « Mohammed dort, » puis ils restèrent en observations jusqu’à ce que le matin étant venu. Ali se leva et ils le reconnurent.

Ali resta à la Mecque jusqu’à ce qu’il rendu les dépôts confiés au prophète. Mohammed, en sortant de sa maison, se rendit dans celle d’Abou-Bekr, auquel il fit connaître que Dieu lui avait permis de prendre la fuite. Abou-Bekr lui dit alors : « Vous accompagnerai-je ? — Vous m’accompagnerez. » repris le prophète, et Abou-Bekr pleura de joie. Puis ils engagèrent Abd-allah, fils d’Oraïcat, qui était idolâtre, pour leur servir de guide dans la route. Ils arrivèrent ensuite à une caverne dans la montagne de Thour(57), située un peu plus bas que la Mecque, et s’y arrêtèrent. Au bout de trois jours ils en sortirent et se dirigèrent vers Médicne en compagnie d’Amer, fils de Fohaïra, affranchi d’Abou-allah et d’Abf-allah, fils d’Oraïcat, qui leur servait de guide et qui (comme il a été dit plus haut) était encore idolâtre.

Cependant les Koreïschites s’empressèrent de courir à la