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VIE DE MOHAMMED.

para sans que le prophète eût pu parler ; aussi dit-il à Ali : « Tu as vu comme cet homme a pris la parole avant moi ; fais donc pour demain tout ce que tu as fait aujourd’hui, et va les inviter une seconde fois. » Ali, en effet, fit le lendemain *les mêmes préparatifs. Ce jour-là, lorsqu’ils eurent mangé et qu’ils eurent bu le lait, le prophète leur dit : « Je ne connais pas d’homme parmi les Arabes qui ail apporté à son peuple quelque chose de meilleur que ce que je vous apporte, car je vous apporte les biens de ce monde et de autre. Dieu très-haut m’a ordonné de vous appeler à lui : qui donc voudra m’aider dans cette œuvre et devenir mon fière, mon délégué, mon mandataire ? » À ces mots, toute l’assemblée garda Le silence, et voici ce que rapporte Ali : « J’étais parmi eux le plus jeune d’années ; mes yeux étaient chassieux, mon ventre gros, mes jambes grêles, et cependant je dis : C’est moi qui vous aiderai dans votre œuvre, « Ô prophète de Dieu. » Le prophète alors le serra dans ses bras et dit : « Voilà parmi vous mon mandataire, mon délégué, mon frère ; vous l’écouterez et vous lui obéirez. » À ces paroles, l’assemblée se leva ; tous se mirent à rire et dirent à Abou-Taleb : « IL vient de t’ordonner d’écouter ton fils et de lui obéir. »

Le prophète toutefois continua à faire ce que Dieu lui avait commandé, Sa tribu, dans les premiers temps, ne s’éloigna pas de lui et ne combattit pas sa doctrine jusqu’au moment où il jeta le blâme sur le culte qu’ils rendaient aux idoles et où il les accusa, eux et leurs ancêtres, d’impiété et d’erreur ; dès lors ils se réunirent pour le persécuter, à l’exception de ceux auxquels Dieu offrit un refuge dans’Islamisme. Comme son oncle Abou-Taleb le protégeait contre ses ennemis, quelques-uns des plus considérables d’entre les Koreïschites vinrent un jour le trouver. Parmi eux étaient