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femmes se sont précipitées vers les ministères ou les casernes. Ceux-ci offraient en effet un débouché assuré à toutes celles que leur faiblesse physique ou une éducation trop raffinée rendaient inaptes au « gros ouvrage ».

Travail propre, facile, peu fatigant, somme toute, agréable et d’une rémunération convenable.

Pourrait-on soutenir aussi que la vieille attirance de Vénus pour Mars n’a pas joué son rôle et que bien des femmes n’aient été heureuses de porter elles-mêmes fictivement la culotte rouge et de jouer au soldat ? Toujours est-il que, dès l’apparition des circulaires, des centaines et des milliers de candidates se présentèrent. Bien plus de variété ici qu’à l’usine, ce qui s’explique par les conditions différentes du travail. Paris et la province, tous les âges, toutes les conditions sont représentées ; mères, femmes et filles de combattants réclament des postes. Le personnel est nombreux. Il ne reste qu’à y faire appel.

Pas tout de suite cependant. La réforme, comme toutes les réformes se heurte à la routine administrative. Les femmes dans les organisations militaires ! voilà qui va tout bouleverser ; quelle étrange nouveauté ! Et c’est bien timidement d’abord, par la petite porte que l’innovation s’introduit. Quelques commandants de dépôt, à Marseille, Lyon, Caen par exemple prennent sur eux de faire rentrer les femmes dans leurs casernes comme « cuistotes, balayeuses, racommodeuses ». Moyennant un salaire de 2 fr. 50 environ, un homme est récupéré qui peut être autrement utilisé. Les résultats sont