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suffisance de maîtres de l’enseignement primaire ou secondaire, gênante déjà avant la guerre. Trouver des hommes pour remplacer les hommes manquants : tâche ardue, tâche impossible. C’est donc aux femmes qu’il faut faire appel. Rien d’ailleurs dans cette idée d’absolument révolutionnaire. Bien souvent dans tel petit village une femme fait la classe aux jeunes garçons. Et tous les lycées et collèges de France ont appelé les femmes — considérées comme plus patientes et plus douces — à faire les petites classes. En guerre, l’exception est devenue presqu’une règle.

Dans l’enseignement primaire, la mobilisation enlève près de 30 000 instituteurs, pendant que les écoles de l’intérieur sont surchargées par l’afflux des réfugiés. Les femmes doivent remplacer leurs collègues, pourvoir à des classes plus nombreuses sans négliger pour cela l’enseignement féminin. Difficile problème ! Même en poussant d’une façon intensive le recrutement féminin, même en faisant appel aux institutrices des régions envahies, aux jeunes normaliennes encore sur les bancs des classes supérieures, on n’arrive qu’à remplacer incomplètement les maîtres mobilisés. 12 000 femmes enseignent aujourd’hui aux garçons et leur tâche est difficile parfois. Dans certains villages, il faut faire à la fois la classe aux filles et aux garçons et l’on conçoit les difficultés qui résultent de cette première expérience — imposée — des classes mixtes. Dans les villes où l’organisation est meilleure les femmes retrouvent des conditions normales. Mais la classe de garçons n’est pas toujours une « petite classe ». Il s’agit souvent de diriger