Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

fatigant travail, pour qui n’est pas au courant, pénible déjà pour celui qui le connaît. Ce n’est pas tout, elle doit faire classe à la totalité des élèves. Elle a deux petits enfants et comme, dit-elle, il faut bien vivre, elle doit faire le jardinage et la cuisine… Qui ne plierait sous cette tâche, même les hommes les plus forts ? »

Disons-nous bien que le cas n’est pas isolé et que dans un grand nombre de communes françaises (faut-il dire la plupart ? presque toutes ? nous ne savons, en l’absence de statistiques), la vie municipale n’a été possible que grâce au concours féminin.

La plupart du temps, ces femmes courageuses ne sont aucunement récompensées de leur peine, elles ne récoltent que déboires, difficultés, soutenues seulement par le sentiment de leur devoir et de l’utilité nationale. Quelques-unes investies quasi officiellement de l’écharpe municipale se sont vu rendre par leurs supérieurs et l’opinion publique un légitime hommage. Telle est une jeune institutrice du Midi, Mlle  L… qui toujours voulut garder, devant la grande presse l’anonymat. Cette jeune fille de 22 ans se trouve lors de la mobilisation institutrice dans un important village ; elle fait de plus partie de la Croix Rouge française. Le maire, l’adjoint partent ; elle s’installe à la mairie et grâce à elle, la vie normale continue sans heurts, sans à-coups. Officiellement un conseiller municipal fait fonction de maire car, seul, « dit, non sans ironie, un journal féministe, un citoyen peut signer les pièces officielles et Mlle  L… n’est pas citoyenne ». Mais, ajoute le même journal, peut-être un peu tendancieux « le rôle de ce délégué consiste exclu-