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Il est impossible encore de poser un tableau d’ensemble de la merveilleuse activité des paysannes françaises. Les enquêtes et statistiques sont encore trop incomplètes. Mais depuis août 1914, chaque jour nous arrivent des témoignages nouveaux de leur tranquille courage et de leur zèle fécond.

Voici les riches régions qui environnent la capitale. Aussitôt les hommes partis, les femmes d’un commun accord, ont pris en main leur tâche. « Elles s’aidèrent entre elles », dit le maire d’un village briard, et surent réaliser d’elles-mêmes la division du travail. « Celles qui avaient un cheval le prêtèrent aux moins fortunées, les plus fortes prirent la fourche et chargèrent les voitures, les moins robustes s’occupèrent des greniers. »

Et la moisson fut faite, le blé et les avoines battus, le foin dressé en meules les betteraves arrachées pour les sucreries et le bétail, le fourrage et les légumes rentrés. Les fermières dirigent les travaux ; fermières et « ouvrières agricoles » conduisent elles-mêmes la charrue. Ici c’est une femme de soixante ans qui laboure elle-même son champ pour ses deux fils et son gendre ; là, deux fillettes de quatorze et seize ans qui depuis deux années ont assumé la direction et l’exploitation d’un vaste domaine, doté des derniers perfectionnements de l’agriculture scientifique.

Ailleurs les femmes se sont faites maraîchères et remplacent leurs maris dans le dur travail d’approvisionnement des marchés parisiens.

En Bourgogne, en Bretagne, ceux qui vécurent à la campagne au début de la guerre ont constaté que par-