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— Où est votre mari ? — À la guerre. — Vous n’avez pas d’autres hommes à la maison ?

Dieu et la Patrie me défendent d’en avoir. — Ils sont nombreux au front dans votre famille ? »

Agacée de l’interrogatoire elle lança fièrement : « Sept, pour le moment.

— Pourquoi, pour le moment ?

— Parce que dans quelques jours, je vais y aller moi-même ! »

Nombreuses en effet sont celles qui d’août à décembre 1914, rejoignent le front, femmes suivant leurs maris, mères avec leurs fils. Leur présence exalte les combattants. Souvent elles jouent un rôle actif et glorieux. Témoin cette mère qui, voyant tomber son fils sur le champ de bataille, ramasse son fusil, prend sa place et, comme il l’aurait fait lui-même, abat plusieurs Autrichiens.

Après les triomphes de décembre 1914, après la fuite éperdue des Autrichiens sur le Jahdar, la Serbie semble sauvée. Bien des femmes se rendent compte qu’il s’agit seulement d’une accalmie et que toutes les forces du pays, bientôt, devront être tendues pour soutenir une épreuve plus dure. Les hommes sont tombés pendant trois guerres ; on aura besoin pour compléter, pour refaire l’armée, de nouveaux fusils. Et les femmes s’enrôlent en masse. Une vénérable aïeule qui a fourni au pays quatorze de ses descendants, cinq fils, neuf petits-fils, fonde la Ligue de la Mort. Il s’agit, en cas d’invasion, de se joindre aux hommes, pour, en francs-tireurs, disputer pied à pied le terrain. Comme Mrs Haver-