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l’a vu. Elle se fraye un passage parmi les combattants abat d’un coup de fusil le soldat qui rapporte vers les lignes son trophée et lui reprend le drapeau. Mais elle est trop loin des siens. Poursuivie à son tour et menacée de reperdre l’étendard aux glorieuses aigles, elle se défend du fusil, de la crosse, de la baïonnette même.

Un Allemand tombe, puis un autre et, avant de rentrer aux tranchées russes, épuisée mais victorieuse et serrant sur sa poitrine le drapeau reconquis, elle a tué de sa main six ennemis.

Dans un autre secteur, Alexandra Lavgred est faite prisonnière. Au cantonnement ennemi elle réussit à s’emparer de documents mentionnant d’importants mouvements de troupes. Elle s’échappe alors et marche plusieurs jours, plusieurs nuits, plutôt, pour retrouver ses compagnons d’armes à qui elle rapporte les précieux papiers.

Comment s’étonner que de telles femmes aient conquis non seulement des galons mais des grades ? Mme Lavgred et Martha la Jaune ne méritent-elles pas les galons de lieutenant qu’elles arborent désormais ?

Faut-il citer encore cette jeune Sibérienne qui, partie de Transbaïkalie, avait suivi les troupes en Pologne, passé six mois dans les tranchées en avant de Varsovie, lorsqu’à la veille de la chute de la ville les autorités, presque de force, la renvoyèrent dans sa bourgade lointaine ?


C’est par dizaines que l’on pourrait citer celles que remplit d’une sainte colère l’invasion du sol natal.