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rentrèrent ensuite à leur foyer. Témoin, cette couturière qui, poursuivie pour non paiement de sa machine à coudre, se réclama de sa récente qualité de soldat, témoigna de ses exploits contre les Autrichiens, de ses blessures et put continuer son travail.

C’est encore dans l’armée de Rennenkampf que fut versée Mme Koudacheff, exploratrice de la Sibérie, naguère célèbre pour avoir accompli à cheval le voyage de Pétrograd à Vladiwostock. Toujours sur sa fidèle monture, elle fut affectée au service des reconnaissances où son expérience est précieuse.

Avec elle servit une jeune sibérienne de quinze ans. Celle-ci est aujourd’hui rentrée à Tomsk, sa ville natale, fleurie de la croix de Saint-Georges, belle et rare parure que ses compagnes lui envieront.

Mais celle qui les passe toutes par son audace pittoresque, et sa grande allure, c’est l’héroïque batelière du Niémen dont, malheureusement, les journaux russes ne nous ont pas encore appris le nom. Elle a à son actif, la mort de neuf Allemands. « C’était après les formidables batailles livrées au sud des lacs de Mazurie. Les Russes avaient dû se replier pour se regrouper, en arrière du Niémen. Des Cosaques arrivèrent un soir devant la maison de la batelière. Ils étaient épuisés par leurs blessures. La brave femme leur donna des lits. Mais au petit jour des cris retentirent de l’autre côté du fleuve. Une troupe d’Allemands gesticulaient, hélant le passeur : « J’y vais » cria la batelière du pas de sa porte ; puis se tournant vers les lits où les Cosaques blessés cherchaient déjà leurs revolvers pour vendre chèrement leur peau :