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avec un triste sourire. C’est ce que j’ai regretté le plus. Elle était longue, j’ai pleuré. Depuis ce jour je l’ai toujours portée dans ma besace » [1].

Dans certaines formations, des groupes entiers de femmes ont pu, avec l’assentiment des autorités militaires, se constituer. La région de l’Azof a fourni douze volontaires à un régiment de Cosaques du Don. « Toutes ont fait le sacrifice de leur chevelure, et portent crânement l’uniforme cosaque avec l’équipement ordinaire du troupier partant pour le front ». L’aînée des nouvelles recrues a été désignée pour commander le détachement, et, disent les journaux de nos alliés, elle a su comme le meilleur des officiers imposer l’ordre et la discipline militaires à ses subordonnées.

Dans les Cosaques de l’Oural, c’est un véritable régiment féminin, quatre cents femmes ou jeunes filles, vêtues de l’uniforme, chaussées des grandes bottes, ceintes du ceinturon de cuir qui manient le fusil sans crainte ni défaillance. Et toutes ne sont pas des viragos.

Voyez le portrait de l’une d’entre elles, Mme Kokovtseva, surnommée la Jeanne d’Arc slave. « Fièrement campée sur de petits pieds mieux faits pour la soie du cothurne que pour le cuir de guerre, elle porte à un buste très féminin, la croix de St-Georges, celle des braves. Le regard ferme a quelque chose d’illuminé, mêlant à la décision des races du nord la mélancolie de la mort si souvent côtoyée ».

  1. Ludovic Naudeau : Les Femmes russes à la guerre.