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Des femmes eurent sur le développement des premiers états slaves une influence capitale. Si, plus tard, les mœurs byzantines les relèguent dans le terem, elles s’affranchissent bien vite à l’époque moderne. Et si, pas plus que les hommes elles ne possèdent de droits politiques, cependant elles participent de façon presqu’aussi active que les hommes à l’évolution politique de leur pays. Pourrait-on compter les centaines, les milliers de jeunes filles qui, membres d’innombrables sociétés secrètes, ont voué — parfois sacrifié — leur vie à l’idée mystique de la grande rénovation ?

Aussi, dit avec raison M. Ludovic Naudeau, « il y a bien moins de divergences spirituelles entre les deux sexes en Russie qu’en Occident ». D’une part la femme est moins femme ; celle qui a fréquenté l’Université, au contact permanent des hommes acquiert « une mentalité masculine ». Beaucoup demeurent tout à fait indifférentes à l’aspect qu’elles pourront avoir sous un accoutrement ou sous un autre. Sans nul souci, elles porteront longtemps la veste de cuir, les bottes ou quelque rude manteau. S’il le faut, elles font bon marché de leur chevelure et la sacrifient. En un mot, l’idée du « joli » ne les hante pas et elles peuvent, pendant longtemps, n’y pas penser.

On voit parfois des princesses dont les vêtements, la coiffure, les allures générales, ne se distinguent que fort peu de ceux des plus humbles infirmières.

Le préjugé masculin, d’autre part, est beaucoup moins fort qu’en Occident. « Dans les familles très nombreuses de la Russie, frères et sœurs sont habitués à vivre dans