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domination allemande, mais pour sa propre vie.

Le 16 mai, perquisition ; on ramasse tous les papiers qu’on peut trouver, jusqu’aux comptes de ménage et aux devoirs des enfants. Nulle trace de complot. Mais on a trouvé la brochure du cardinal, les discours de Mme Carton de Wiart, des lettres de France échappées à la censure allemande.

Le 16 mai, Mme Carton de Wiart est arrêtée, brutalement traitée, emprisonnée vingt-quatre heures dans les caves du quartier général, puis conduite devant un juge d’instruction d’une balourdise peu commune, même chez un Allemand.

Le président du tribunal ne le lui cède guère cependant et après plusieurs jours d’interrogatoire où, de toute sa noblesse hautaine, elle lutte contre un Bridoison sinistre, Mme Carton de Wiart est condamnée à trois mois de prison. Elle a fait « transmettre des lettres au delà de la frontière en évitant la poste allemande. Elle a, de son propre aveu, distribué des écrits défendus, tout en connaissant leur caractère offensant. » Ainsi peut être « compromise la sécurité des troupes allemandes ». Il n’en faut pas plus pour justifier une déportation en Allemagne. C’est dans un wagon rempli de fleurs, touchant hommage de la population belge à sa bienfaitrice, que s’y rend Mme Carton de Wiart.

Là-bas elle est incarcérée dans la triste et froide prison de Moabit avec les détenues de droit commun : Aucun adoucissement à sa peine : elle ne daigne rien solliciter pour ne rien devoir à ses persécuteurs. Trois mois elle reste au régime cellulaire, avec pour seule