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recul stratégique. Avec quelle joie engage-t-elle ses blessés à s’enfuir vite, très vite ! Bientôt on entend après le canon le sifflement des balles ; puis le clairon des zouaves déchire l’air. L’ambulance de Vauxbuin redevient française.

Mais la ligne de feu est toujours proche et les infirmières continuent leur vie active et périlleuse.

« Il y eut les jours pénibles où il fallait improviser le ravitaillement de longues files de réfugiés. Il y eut les jours qui n’étaient jamais assez longs, ceux-là, où il fallait panser des centaines de blessés évacués ; il y eut les jours d’angoisse où en pleine bataille il fallait aller le long des chemins, des ornières, des haies et sous les boqueteaux chercher nos soldats tombés, et les ramener appuyés sur l’épaule où la petite croix rouge devenait plus rouge encore. Il y eut les jours où il fallait de la patience et ceux où il ne fallait que de l’héroïsme ».

Relever les blessés, telle est pour les jeunes infirmières, la seule préoccupation, le seul événement saillant qu’elles notent sur leur carnet de guerre. Et si un obus éclate près d’elles, elles continuent, impassibles, leur chemin.

Des mois de cette vie ont bien mérité la légion d’honneur et les croix de guerre dont Mlle Canton-Bacara et ses collaboratrices ont été gratifiées.

Les grandes batailles du Nord aussi trouvent des femmes au poste périlleux.