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enfants et son ménage l’administration de Guillemont et des villages voisins.

Intermédiaire entre les autorités allemandes et ses compatriotes, interprète, maire et secrétaire de mairie, elle parcourt dès l’aube Guillemont, organisant les réquisitions, distribuant les travaux, écoutant, pour les transmettre aux officiers allemands, les requêtes des villageois.

Les villages voisins, privés d’administrateur reçoivent aussi sa visite. Infirmière elle accompagne les majors au chevet des malades et des blessés, et, pieusement, fleurit les tombes des morts ! « Mme  Trévin, dit la Gazette de Francfort, est une héroïne et mérite que son souvenir demeure ». Quel plus bel hommage que l’éloge d’un vainqueur barbare et orgueilleux ? N’est-il pas vrai qu’en doivent être dignes quelques autres françaises de la Somme, des Ardennes ou du Nord ?

Aux temps antiques, quand les cités romaines étaient envahies par les hordes barbares, parfois se levait au milieu d’elles un évêque dont le mépris de la mort, la douce énergie, la science des justes paroles arrêtaient la main meurtrière du Vandale ou du Hun. Ainsi, dans les cités de la France envahie, les femmes ont, pour leur part, vaincu l’Allemand sous d’immatérielles armes et dans la guerre sanglante, fait vivre encore l’esprit de justice et l’humanité.