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Une autre religieuse qu’au début de septembre 1914 le sous-préfet de Lunéville a justement investie des pouvoirs de maire, a joué en des circonstances analogues un rôle presqu’identique. Les atrocités commises à Gerbeviller, la ville martyre, par les Bavarois du général Clauss, sont dans toutes les mémoires où elles doivent rester, souvenir inexpiable. Dès le 24 août à 5 heures du soir, les Allemands entrent après avoir arrosé la ville de centaines d’obus. Ils entrent en « poussant des cris de fous furieux, des hurlements féroces, tirant des coups de fusil de tous les côtés et saccageant tout sur leur passage » [1]. On les voit brandir de grandes mèches de filasse et mettre le feu aux tas de paille, aux granges, aux maisons. La prospère et jolie petite ville devient un monceau de cendres où, parmi des briques écroulées, des pans de mur déchiquetés, subsistent à peine une vingtaine de maisons. Femmes, enfants, vieillards massacrés, jeunes filles outragées, lieux saints profanés, aucune horreur qui ne soit commise.

Au milieu de ces scènes infernales, sœur Julie, supérieure de l’hôpital de Gerbeviller garde tout son sang-froid. Le 23 août, le maire a dit aux chasseurs à pied « Retirez vous, mes enfants, vous ne pouvez résister ». Ils ont répondu. « Nous avons reçu l’ordre, nous tiendrons ». Le maire a dit à sœur Julie : « Fuyez ». Héroïque comme les soldats, elle a répondu : « Ma mère supérieure m’a mise à Gerbeviller ; je reste à Gerbeviller. »

M. Maurice Barrés a « croqué » très heureusement

  1. Livre Rouge.