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À chaque étape de l’invasion, de la reprise et de la délivrance, une femme s’est trouvée là, bourgeoise ou paysanne, institutrice ou « bonne sœur », infirmière volontaire ou professionnelle, en qui s’incarne l’âme du clocher natal et de la grande patrie.

C’est, naturellement, surtout pendant l’invasion que s’exalte l’âme féminine.

Dans les petites villes, dans les villages, tous les hommes sont partis, les femmes restent nourrissant non l’irréalisable chimère de faire refluer la marée montante, mais le sage espoir de sauver ce qui peut l’être encore. C’est elles que l’envahisseur trouvera devant lui, non follement téméraires, mais prudentes et fermes.

Sans provocations inutiles, sans belles phrases, sans pompe théâtrale, elles ont su par la magie souveraine de la grâce unie à la claire raison, image du génie de la France, imposer le sentiment du juste à des hommes ivres de force, faire éclore un peu de lumière en des âmes sombres. Telle, Athèna, aux temps antiques, arrêtait les Barbares saisis d’un superstitieux respect.