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listes, une révolution s’est opérée dans les esprits. Les uns et les autres ont compris que le meilleur moyen de préparer la grande Fraternité et la grande Paix futures, était de ne pas s’obstiner à les poursuivre dans le présent. Les uns et les autres sont devenus belliqueux par nécessité, pour faire « la guerre à la guerre ». — Or les gouvernements austro-allemands, soucieux de ne négliger aucune force ont plié le féminisme à l’accomplissement de leurs desseins.

Quand le souffle de la victoire cessa de tendre les drapeaux allemands, d’Allemagne les féministes adressèrent un appel à leurs amies de France. Le moment leur semblait venu de faire cesser les horreurs de la guerre et de les réprouver solennellement dans un Congrès. À partir du mois de mars les manifestations féminines en faveur de la paix se multiplient dans les « empires centraux ». Des brochures se répandent qui engagent les femmes à faire tous leurs efforts dans un sens pacifique ; le Congrès des femmes socialistes s’ouvre à Berne. La Révérende Anna Shaw adresse aux femmes françaises un appel en faveur de la paix. Mme  Carrie Chapman Carr, après avis du Président Wilson, agit de même. Les germanophiles espèrent agir sur la France par cette opinion nettement exprimée des leaders du Conseil international.

Les Françaises restent insensibles. Alors un grand coup est frappé. Les féministes hollandais, comme l’ont fait à plusieurs reprises les socialistes, font le jeu de l’Allemagne et lancent l’idée d’un Congrès international. Faute de pouvoir se tenir à Berlin, comme il avait été