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noirs et les chemisettes de couleur tendre se mêlent dans un pittoresque désordre.

Au Val de Grâce tous les services annexes de l’hôpital ont été féminisés. Les femmes manient les énormes marmites contenant 350 litres, les bassines de cuivre où cuisent 50 kilos de macaronis et elles vont par les vieux corridors porter aux malades leur nourriture. À Vincennes, dans l’atelier pour la construction des baraquements Adrian, les femmes sont menuisières et manient avec vigueur le maillet, la scie, le rabot. Ailleurs elles tirent parti des vieux vêtements dont les déchets recevront mille usages imprévus. Les casernes de province offrent souvent le même spectacle et dans telle d’entre elles vous êtes tout surpris de voir à la place d’un secrétaire une vénérable aïeule ou une fillette de quinze ans.

On a même vu des femmes acquérir des grades militaires ou leur équivalent : ceci dans le service de santé seulement : à la 21e région puis, dans la région fortifiée de Verdun, la Doctoresse Girard-Mangin a rempli depuis le 4 août 1914 les fonctions de médecin aide-major de 2e classe.

À Lyon nous trouvons une femme médecin chef d’un hôpital. C’est Mme Thyss Monod. Remarquée pour l’intelligence avec laquelle elle avait au début de la guerre organisé une formation sanitaire, elle fut choisie par M. Herriot et le gouverneur militaire de Lyon pour diriger l’hôpital militaire n° 3.

Cette jeune femme, cette jeune mère qui, au moment de sa nomination, allaitait son dernier bébé, exerce