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trois francs que gagne aujourd’hui l’ouvrière. Quant au nombre d’heures de cette journée, il était bien supérieur à ce qu’il est aujourd’hui, en général quatorze à quinze heures, souvent dix-huit au lieu de neuf à dix heures. Aussi peut-on dire, au sens strict du mot, qu’elles travaillaient jour et nuit, et la preuve nous en est encore fournie par la loi de 1847 qui, assimilant les femmes aux mineurs, leur interdit comme à ceux-ci le travail de nuit.

Les mauvaises conditions de travail où se trouvaient les ouvrières ne viennent pas, s’il faut en croire les féministes, de l’infériorité des moyens physiques de la femme qui se traduit par une plus faible quantité de travail produite dans le même laps de temps, mais bien d’un parti pris systématique de la part des patrons. « Dès qu’on voit, dit la Femme nouvelle[1], qu’une industrie peut être faite par nous, on s’empresse d’en baisser les prix. » Pourtant, dit Flora Tristan, dans tous les métiers d’adresse, dans les filatures, la typographie, la femme est

  1. Numéro 18.