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avec honneur, à un seul misérable ou à plusieurs[1]. » Flora Tristan est, nous l’avons dit, une exaltée ; mais la même idée est venue à tous les autres féministes et, tous, ils ont employé, pour la rendre, la même expression. Les rédactrices de la Femme libre la répètent à satiété ; George Sand appelle le mariage « une prostitution jurée[2] », et il n’y a pas jusqu’à Balzac, pourtant peu féministe, qui ne reprenne la même comparaison dans la Femme de trente ans.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant, il est même naturel, que l’homme, ayant acheté sa femme par un contrat en bonne et due forme, la « regarde… comme sa propriété, sa chose[3] », qu’après le viol légal qui suit le mariage[4], il fasse de son amour « un droit », de celui de sa femme " un devoir[5] ». La femme mariée, dans de telles conditions, ne peut aimer son mari, devenu bientôt son

  1. L’Union ouvrière.
  2. Consuelo, t. II.
  3. La Femme libre, no 10.
  4. George Sand, Valentine, p. 200 ; Louis Blanc, Revue du Progrès, 1840.
  5. George Sand, Isidora, p. 20.