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ils ont émis sur cette question des théories innombrables très différentes selon les partis féministes et même parfois selon les hommes.

Un point sur lequel sont d’accord les féministes de tous les partis est celui-ci : la forme de mariage qui existe à leur époque doit disparaître à brève échéance, car la femme y est dans un état d’infériorité flagrante.

Le mariage, disent-ils tous, est un simple contrat de vente où, après une sorte de mise aux enchères, l’on adjuge la jeune fille au plus offrant ; de consulter ses goûts, ses aspirations sentimentales, il n’en est aucunement question. Aussi le mariage, « affaire de bourse qu’on traite par courtage…, alliage monstrueux de la beauté et de l’amabilité avec la décrépitude et le radotage[1] », ne diffère-t-il pas de la prostitution, « La société entière, dit Flora Tristan avec l’exagération qui la caractérise, n’est qu’une immense maison de prostitution… où les pères vendent leurs filles… avec infamie ou

  1. Pol Justus, Liberté des Femmes, p. 10.