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Parmi tous les apôtres du féminisme, une figure originale et attirante entre toutes est celle de Flora Tristan. Née au Pérou de parents français, toute sa vie, elle conserva de son origine exotique, avec le charme fascinant des beautés créoles, une imagination ardente, une âme généreuse et exaltée. Mariée à seize ans, elle est, comme George Sand et Claire Démar, très malheureuse. Au bout de trois ans « elle brise sa chaîne[1] » et, après avoir fait un voyage au Pérou, où, dit-elle[2], sa condition de femme séparée la fait repousser de partout, elle rentre à Paris. Là, elle manque d’être tuée par son mari (1838) et, aussitôt rétablie, se consacre tout entière à la cause des femmes et des ouvriers. Après avoir déposé à la Chambre une pétition pour le rétablissement du divorce et publié un roman : Méphis, elle part en Angleterre pour se documenter sur la misère des classes pauvres. Elle en revient avec son livre l’Union ouvrière (1843), qu’elle

  1. Éléonore Blavet, Vie de Flora Tristan.
  2. Flora Tristan, Pérégrinations d’une paria.