Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Envisagées de ce point de vue, les tentatives maladroites de Jeanne Deroin ou de Flora Tristan sont loin d’être sans portée.

Consciemment ou non, nos féministes ne font qu’exécuter des variations sur les thèmes indiqués par leurs devancières. Celles-ci ont forgé avec les idées les moyens pratiques de les réaliser. Leur exemple est pour toutes une leçon de courage et d’énergie. Éblouies par la vision prophétique d’une société nouvelle, elles poursuivirent leur route, indifférentes aux sarcasmes, au ridicule, aux calomnies. Croyant fermement assurer le bonheur de leurs compagnes, elles surent se sacrifier à une idée. Cela seul, en dépit de toutes les maladresses, commande la sympathie et le respect. Et il semble qu’à cette heure où le féminisme poursuit sa marche victorieuse, ses adeptes devraient se souvenir avec quelque émotion des courageux pionniers qui défrichèrent pour elles une terre ingrate et furent à la peine sans être à l’honneur.


FIN