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totale des journaux féministes, et naturellement les polémiques cessent. Mais quand l’Opinion des Femmes eut reparu, en janvier 1849, elles reprirent de plus belle. Cette fois, l’adversaire des théories féministes était Proudhon. Dès le premier numéro de l’Opinion des Femmes, nous trouvons, dans une lettre de Jeanne Deroin à Proudhon, la réfutation du fameux dilemme de ce dernier : « la femme ne peut être que ménagère ou courtisane ». « À votre dilemme, dit Jeanne Deroin, je répondrai : esclave et prostituée, ou libre et chaste ; la prostitution est le résultat de l’esclavage des femmes[1]. »

Étant données ses idées antiféministes, Proudhon ne pouvait manquer de désapprouver complètement la tentative faite par Jeanne Deroin en avril 1849. Il fit paraître dans son journal, le Peuple, un article où il s’élevait très violemment contre la prétention des femmes à vouloir siéger à l’Assemblée : « Pour guérir les maux des femmes, ajou-

  1. Si Jeanne Deroin entend par « esclavage » les entraves apportées à la liberté du travail, il est bien certain qu’elle a tout à fait raison.