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prédominantes doivent y tenir un rang élevé.

D’après toutes ces considérations, le féminisme saint-simonien devait être avant tout d’ordre mystique et sentimental. Il en est tellement ainsi qu’Enfantin et beaucoup de ses disciples transportèrent le féminisme jusque dans leur religion. « Notre Dieu, dit Enfantin à ses juges lors de son procès, notre Dieu n’est pas le vôtre ; Il n’est pas seulement bon comme un père. Elle est aussi tendre comme une mère, car Il est et Elle est la mère de tous et de toutes[1]. » Ils en arrivèrent même dans cette voie à des recherches absolument puériles. Ainsi Flora Tristan, un des grands apôtres du féminisme saint-simonien, n’écrit jamais Dieu que « Dieux » pour bien marquer qu’il renferme les deux natures ; la Revue des Deux Mondes amusa beaucoup ses lecteurs en se moquant de la fantaisie architecturale d’un saint-simonien qui voulait construire dans Paris un temple ayant la forme d’une femme.

Le mouvement féministe de la monarchie

  1. D’après la Femme nouvelle, no 15.