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Les couturières de campagne en journée gagnent soixante centimes si elles ne sont pas nourries, quarante centimes si elles sont nourries. »

La création des ateliers nationaux ne remédia guère à cette situation, car le salaire y était également très faible. « Je suis dans un atelier national, dit une ouvrière, je gagne douze sous par jour ; j’en donne quatre à la crèche pour mon enfant ; mon garni me coûte six sous ; il me reste donc deux sous pour manger. » La meilleure preuve de l’extrême misère des ouvrières sous le régime des ateliers nationaux est cette pétition adressée à Louis Blanc par les ouvrières du premier arrondissement, où elles réclament pour toutes « un franc de façon par chemise[1] ou par jour ».

Il est donc de toute nécessité d’améliorer le sort des ouvrières et ce n’est pas seulement l’humanité qui le demande, c’est la morale qui l’exige, car une ouvrière qui « après avoir travaillé toute une journée se trouve

  1. On employait les femmes dans les ateliers nationaux à la confection des chemises militaires.