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elle-même », mais qui est une véritable féministe de profession. Depuis de longues années elle combat pour la bonne cause et, dès 1832, elle a fondé à Lyon un journal féministe, la Mosaïque des Femmes. Imprimée avec un grand soin, mise par son prix modeste de 0 fr. 10 à la portée de toutes les bourses, la Voix des Femmes connut, s’il faut en croire sa directrice, de fort brillants débuts. « Les temps étaient pour nous, s’exclame avec enthousiasme Mme Niboyet, dès le numéro 5 ; notre journal devait réussir. Les femmes ne se sont pas fait attendre. Leur participation nous est assurée. »

Sans doute Mme Niboyet se faisait-elle sur les sentiments des femmes de décevantes illusions, car le succès fut loin de répondre à ses espérances. Le premier moment de curiosité passé, le journal se vendit fort peu. Aussi, en avril 1848, la Voix des Femmes, toujours sous l’impulsion de Mme Niboyet, organisa une société et décida que chacun des membres de la société qui aurait amené dix souscripteurs, c’est-à-dire dix abonnés, recevrait le journal gratuitement.