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mais qui, à coup sûr, fut régie par des lois et des coutumes propres. Dans cette société même les femmes ne jouirent pas de la parfaite égalité avec les hommes. Jusqu’en 1831, les femmes occupent bien une certaine place dans la hiérarchie saint-simonienne ; mais on ne peut prétendre, comme Transon[1], qu’elles sont présentes à tous les degrés de cette hiérarchie. Aucune femme, en effet, ne siège au milieu des trois pères suprêmes. Enfantin, Bazard et Rodrigues. Je sais bien qu’Enfantin attendait « la Mère », mais il semble qu’il aurait pu la découvrir s’il y avait mis quelque bonne volonté, et je suis plus porté à croire que l’autoritaire Enfantin ne tenait pas beaucoup à partager son pouvoir, fût-ce avec la femme Messie.

En 1831, Enfantin fait un véritable coup d’état. Dans sa prédication du 21 novembre, il déclare tout net que « désormais il n’y a plus de femmes dans les degrés de la hiérarchie[2] ». Les raisons qu’il donne sont plutôt

  1. Le Globe, 5 septembre 1831.
  2. Morale saint-simonienne, prédication d’Enfantin, p. 31.