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pensier, passa pour telle aux yeux de certains contemporains. Une si grande hardiesse à braver les préjugés de son sexe et de son rang ne pouvait apparaître que chez une femme bien convaincue de son égalité avec l’homme ; et la réactionnaire duchesse de Berry, cœur tendre et tête sans cervelle, héroïne de la fronde égarée sous le règne du roi bourgeois, devint, surtout lorsque l’on connut ses amours clandestines, le type de la femme émancipée. C’est là le sens de plusieurs brochures saint-simoniennes[1]. L’une d’elles, Une parole pour la duchesse du Berry[2], exhorte toutes les femmes à élever la voix pour défendre une femme qui représente si noblement leur cause. Elle la justifie du reproche d’immoralité : « ce que les hommes nomment glorieux pour eux ne peut être une honte pour la femme ». « S’informe-t-on des mœurs des héros ? » ajoute Mme Allart, elle aussi admiratrice passionnée de la duchesse[3].

  1. Rousseau, Tout pour les Femmes.
  2. Par une anonyme : A. M. S.
  3. La Femme dans la démocratie.