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ces erreurs morales que l’on pardonne moins à une femme qu’à un homme[1] ». « L’institutrice, au contraire, sait deviner le point où ses leçons doivent s’arrêter ; femme, elle ménage cette pudeur délicate de l’âme, cette timidité de pensée ; elle sait glisser sur ce qu’il serait dangereux de faire remarquer[2]. » Il faut donc que l’État organise l’instruction des femmes par les femmes, et tout d’abord qu’il s’occupe d’assurer le recrutement et la formation pédagogique du personnel enseignant. « Une école normale est nécessaire, dit le Génie des Femmes[3], si l’on veut avoir de véritables institutrices dans toute l’acception du mot. Il faut que le gouvernement ait, à ses frais, une maison dans chaque ville académique, où les aspirantes aux brevets de l’enseignement secondaire soient éprouvées pendant trois ans, en professant sous les yeux et sous la direction de femmes capables et dévouées… Là elles acquerront le grand art d’enseigner, science

  1. Le Conseiller des Femmes, 14 décembre 1833.
  2. Ibid.
  3. Année 1845.