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être remplie par un couple. » Mais, en fait, il avait peu insisté sur les autres professions et s’était surtout intéressé au « couple prêtre ». « Le prêtre, dit-il, c’est l’homme et la femme[1]. » Réunissant en lui les deux sexes, il pourra avoir sur les deux sexes une autorité légitime et sera dès lors chargé « de lier et de délier l’homme et la femme[2] ». « Spirituel et temporel, beau autant que sage et bon », formant ainsi un être humain complet et parfait, il aura le droit de diriger la chair et l’esprit de l’homme.

Les idées d’Enfantin sur les rapports du couple prêtre avec les fidèles et des membres du couple entre eux ont d’ailleurs évolué ; au début, dit M. Weill[3], la conception d’Enfantin est presque chrétienne ; le prêtre et la prêtresse, « séparés par un nuage d’encens », ne doivent avoir entre eux, à plus forte raison avec leurs disciples, que des rapports intellectuels. Plus tard, au moment de son procès, sa théorie a changé. Poussant jusqu’au bout

  1. Morale saint-simonienne. Discours d’Enfantin, p. 100.
  2. Ibid.
  3. L’École saint-simonienne.