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Catherine de Sienne dont la tâche essentielle est d’enseigner le français aux filles du peuple qui, pour la plupart, ne parlent que catalan. Mais les statistiques que l’on a dressées en se basant, comme dans d’autres provinces, sur le nombre de conjoints capables d’instruction des deux sexes, montrent que l’instruction des filles était fort arriérée. Neuf femmes seulement sont instruites pour 71 hommes.

Lorsqu’on étudie l’instruction populaire, il faut faire naturellement une place à part à Paris. Dans la capitale, suivant un usage très ancien, les chantres des différentes paroisses pourvoyaient à l’établissement de petites écoles, destinées à instruire les enfants pauvres de l’un et de l’autre sexe. À ces petites écoles vinrent s’ajouter, sur l’initiative des curés, aidées par les libérations de personnes charitables, les écoles dites de charité.

Les premières admettaient non seulement des enfants pauvres, gratuitement, mais, moyennant une légère rétribution, des enfants de la petite bourgeoisie.

Les petites écoles organisées par les chantres comprenaient quelques établissements mixtes et un certain nombre d’écoles de filles, celles-ci dirigées par des maîtresses laïques pourvues d’un privilège. Les écoles de charité destinées aux filles avaient comme maîtresses, des sœurs des différents ordres religieux qui s’établirent toujours plus nombreux à Paris à partir du xviie siècle. À la veille de la Révolution, chacun des couvents se double d’une école de filles ; les uns se destinent uniquement à l’instruction des filles pauvres, les autres, établis spécialement pour l’éducation des jeunes filles de la bourgeoisie qui payent une pension assez élevée, consacrent, soit d’eux-mêmes, soit en vertu de fondations, une partie de leurs bâtiments et de leur personnel à une école de charité. La capitale comptant une centaine environ de couvents de femmes, les écoles de charité furent donc très nombreuses.

Entre les écoles de charité et les petites écoles la rivalité fut assez aiguë ; les chantres défendent fort jalousement leur droit de surveillance sur les écoles et les maîtresses laïques leurs privilèges ; mais, d’autre part, les écoles de charité étant sérieusement soutenues par les curés et développées par l’initiative des religieuses et des particuliers, les unes et les autres se développent parallèlement pour le plus grand bénéfice de l’instruction des filles du peuple.