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enseignement primaire conçu à peu près suivant nos programmes actuels (on y enseigne des éléments d’instruction religieuse, la lecture, l’écriture, l’orthographe, un peu d’histoire) ; les autres, dites écoles de travail et correspondant à des écoles professionnelles, mais tout à fait élémentaires. En 1791, l’enseignement est distribué, à Lyon seulement, à 5 à 6 000 filles[1].

Cependant, malgré tous ces efforts, malgré les très nombreuses donations faites par des hommes et des femmes — et dont le montant varie de 6 à 20 000 livres pour l’établissement d’écoles de filles, dans le Lyonnais — où l’enseignement se fait parfois dans les conditions les plus mauvaises. Souvent encore, les sexes sont mélangés : une maîtresse fait la classe à des garçons et à des filles. Parfois, la maison d’école est réduite à une seule chambre[2].

Cependant, le Lyonnais est une des régions où l’instruction féminine a fait, au cours du xviiie siècle, le plus de progrès et où elle se trouve, à la veille de la Révolution, la plus avancée ; de 8 pour 100 à la fin du xviie siècle, le nombre des femmes qui savent lire et écrire est passé, à la fin du xviiie siècle, à 16 pour 100.

Dans le Forez, où sont établies à Montbrison, Saint-Chamond, Saint-Galmier, Roanne et Feurs, des Ursulines, à Chambon, Saint-Galmier, Villefranche, des filles de Saint-Joseph, à Villefranche, des filles du Saint-Sacrement, à Feurs, des Trinitaires[3], à Yssingeaux et au Puy, des filles de Notre-Dame[4], où l’on voit tel petit village comme Chambadeuil doté par la munificence d’une fille dévote d’une maison d’école[5], l’instruction féminine se développe malgré l’insuffisance professionnelle des maîtresses ; le nombre des femmes lettrées passe, au cours du siècle, de 10 à 15 pour 100.

Dans le Languedoc, comme dans le Poitou ou la Basse-Normandie, la nécessité de lutter contre l’hérésie a tourné l’attention vers les petites écoles. À la veille de la révocation de l’Édit de Nantes, les petites écoles protestantes étaient assez nombreuses. Quant aux écoles catholiques, la réponse à un questionnaire public vers cette date (1684) par l’évêque de Montpellier nous montre

  1. Dictionnaire de pédagogie. Art. : Rhône.
  2. Arch. dép., Rhône, D. 340 et 374.
  3. Arch. nat., D. XIX 5.
  4. Dictionnaire de pédagogie : art. Loire.
  5. Arch. dép., Haute-Loire, B. 29.