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jouit d’un traitement de 50 livres), à Rochegude[1], où elle est gratifiée de 150 livres, à Saint-Paul-des-Trois-Châteaux, où la maîtresse d’école est subordonnée à l’instituteur et payée par lui[2].

Il semble donc y avoir eu, à la veille de la Révolution et dans certaines régions au moins du Dauphiné, un mouvement assez fort pour l’organisation de l’enseignement populaire féminin. Mais nous en ignorons absolument les programmes et les méthodes.

Le résultat fut cependant loin d’être très brillant, bien qu’appréciable. À la fin du xviiie siècle on compte, dans le Dauphiné, 16 femmes sur 100 qui savent lire et écrire. On en comptait 9 sur 100 seulement à la fin du siècle précédent[3].

Dans certaines provinces du centre, Touraine, Berri, Poitou, l’instruction féminine apparaît relativement développée.

Quelques localités de la Touraine furent, aux xviie et xviiie siècles, constamment pourvues de maîtresses d’école. Il en est ainsi à Bourgueil où, pendant quelque temps, l’enseignement est donné aux filles par la fille de l’instituteur, à laquelle succèdent deux autres maîtresses ; à Chouzé, où Antoine Arnaud (1687) a fondé une école de filles pour éviter qu’on ne tienne celles-ci dans l’ignorance et demande instamment aux curés de forcer les paysans à se départir de la « cruelle négligence, dont ils font preuve à ce sujet » et où nous connaissons les noms de trois maîtresses d’école ; à Bastigné, où exercent au moins deux maîtresses[4].

Dans le Berry où, dès 1584, le concile provincial de Bourges avait prescrit la fondation d’écoles spéciales pour les filles, il existait des maîtresses d’écoles Ursulines, Visitandines ou religieuses, de Notre-Dame à Azay-le-Ferron, Chabris, Châteauroux, Châteaumeillant, Cluis, Eygurande, Graçay, Le Blanc, Levroux, Meis, Prissac. On y apprenait à lire, à écrire et les principes de la vie chrétienne.

En Poitou, les Ursulines et l’Union chrétienne ont installé d’assez nombreux établissements : cinq écoles de filles fonctionnent à Poitiers, quelques autres à Luçon, où une école d’Ursulines recueille la moitié des enfants de la ville[5], et dans le diocèse. À l’hospice

  1. Arch. dép., Drôme, E. 7440.
  2. Arch. dép. Drôme, E. 7601.
  3. Buisson. Dictionnaire de pédagogie.
  4. Arch. dép., Indre-et-Loire, E. Introd.
  5. Arch. nat., D. XIX, 5.