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Dans l’ensemble, on peut dire que, si la qualité de l’enseignement reste assez inférieure, il y a, en Lorraine, un très grand nombre d’écoles de filles. Celles-ci, au témoignage des contemporains, seraient plutôt trop nombreuses[1].

Dans le Dauphiné, comme en Lorraine, des efforts assez sérieux sont faits pour développer l’instruction des filles du peuple. Les Ursulines y avaient établi de nombreuses écoles au cours du siècle précédent : ces écoles fonctionnaient dans un très grand nombre de villages[2] et des particuliers, hommes ou femmes, les avaient aidées de leurs biens.

Cependant, elles ne semblent pas toujours s’être acquittées de leur tâche avec un zèle suffisant. À Neyrolles, où depuis 1634 existe, par suite d’une fondation charitable, une école de filles gratuite, les magistrats municipaux exigent, en 1710, des Ursulines, le remplacement de la maîtresse d’école à cause des plaintes qu’elle soulève, soit pour l’insuffisance de son enseignement, soit pour les mauvais traitements qu’elle fait subir à ses élèves. Un peu plus tard (1754), une action est engagée contre les Ursulines parce qu’elles ne tiennent pas l’école de filles. En 1773, enfin, on leur réclame une institutrice capable, suivant les termes de la fondation de 1634[3]. Ces démêlés témoignent de l’intérêt que les autorités locales portaient à cette question. Et d’ailleurs nous trouvons, dans la même localité, une école laïque dirigée par les époux Roux qui instruisent l’un les garçons, l’autre les filles, dans des classes séparées.

Telle bourgade, comme Châtillon, possède successivement, à la fin du xviiie siècle, trois maîtresses d’école payées par le Conseil de ville, 72 livres[4]. Dans l’actuel département de l’Isère, on constate la fondation d’une école de filles, en 1734, à Pont-en-Royans, en 1756, à Saint-André-de-Royans, celle-ci confirmée par des lettres royales, en 1785, à Saint-Sauveur, en 1789, à Roybon[5]. Ces diverses fondations sont faites non par des religieuses mais par des laïques et ce sont des laïques qui distribuent l’enseignement. Dans la Drôme, il existe une école à Bourg-de-Péage[6] (la maîtresse y

  1. Abbé Allain. L’instruction primaire avant la Révolution.
  2. On peut s’en rendre compte en parcourant les archives départementales : Isère, série B., Drôme, série E. Pour la plupart des villages, il est fait mention d’écoles de filles.
  3. Arch. dép., Isère, E. 8782, 8804-8807.
  4. Arch. dép., Drôme, E. 12799.
  5. Arch. dép., Isère, B. 2568.
  6. Arch. dép., Drôme, B. 8231.