Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/470

Cette page n’a pas encore été corrigée

Saint-Maixent) et la noblesse de Bar-sur-Seine, qui exhortent les États Généraux et les États particuliers à s’occuper de cette question comme de l’une des plus importantes qui puissent solliciter leur attention. Ces écoles, déclare le Tiers-État de Bordeaux, seront établies dans chaque province.

Les chirurgiens de Beauvais, eux, veulent faire des sages-femmes de véritables fonctionnaires publics. Chaque district aura sa sage-femme, qui n’exercera que dans ses limites et bénéficiera d’un traitement fixe[1].

Le meilleur recrutement des sages-femmes compétentes n’est que la première des mesures qui s’imposent pour favoriser la maternité. Après la délivrance, même si elle a été faite dans de bonnes conditions, beaucoup de femmes pauvres, ne sachant où trouver un asile, ou astreinte de suite à un dur travail, meurent faute de soins. Il faut donc multiplier le nombre des établissements hospitaliers destinés à recevoir les femmes en couche. On établira pour elles une salle spéciale dans chaque hôpital, réclame le Tiers-État de Troyes, dont le vœu est appuyé par les chirurgiens de la même ville. Qu’il soit rétabli dans chaque ville un hospice particulier pour les femmes en couches, demandent le Tiers-État de Bordeaux[2] et celui de Rochefort[3].

Un tel hospice, déclarent les mêmes cahiers, sera surtout utile aux filles-mères. Il leur permettra, en les cachant aux regards, d’éviter la honte qui les amène très souvent au crime d’infanticide et de conserver « ces fruits précieux » « qu’elles sont soupçonnées de laisser périr par leur faute, les regardant comme l’étendard de leur ignominie ».

Le préjugé dont sont victimes les filles-mères apparaît d’ailleurs à quelques-uns des rédacteurs des cahiers comme l’un des plus funestes à l’État, par les infanticides ou les accouchements dont il est la cause directe. Le cahier de Rivière-sous-Verdun rappelle la nécessité d’établir des tours dans la ville principale de chaque diocèse pour recevoir discrètement les enfants que leur mère se voit dans l’obligation d’abandonner. Le Tiers-État de Beauvais demande que l’on dispense les filles ou veuves enceintes de faire, conformément au vieil édit de Henri II, leur déclaration de grossesse aux autorité locales.

  1. Le parti socialiste allemand a déposé, en 1921, sur les bureaux du Reichstag, une proposition de loi analogue.
  2. Sénéchaussée de Bordeaux : Demandes particulières à diverses communautés.
  3. Bailliage de Rochefort : Vœu du Tiers-État de la ville de Rochefort.