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murs, demande également que les maîtresses d’école appartenant aux communautés religieuses soient sous la surveillance immédiate des curés, nommées et destituées par eux. Les autres cahiers qui réclament l’établissement d’écoles de filles dans chaque paroisse ne se préoccupent pas autrement d’assurer la main-mise du clergé sur l’enseignement féminin. Le cahier de la noblesse de Paris, hors les murs, spécifie nettement que le ministère des sœurs chargées de soigner les malades, et des maîtresses qui instruiront les jeunes filles, doit être bien distinct ; il envisage donc, comme le fait également le Tiers-État de Paris intra-muros, comme le Tiers-État de Saint-Dionisy (diocèse de Nîmes), qui réclament « des écoles d’éducation publique et nationale pour les deux sexes de toute secte », un enseignement purement laïque[1].

Le Tiers-État de Paris se préoccupe d’assurer aux maîtresses la compétence ; il voudrait qu’elles ne fussent instituées qu’après avoir passé un examen devant le syndic et quatre notables de la paroisse[2]. Un seul cahier, celui du Boulonnais, spécifie que le traitement de ces maîtresses devrait être de 300 livres, un seul également, celui du Tiers de Cambrai, que l’instruction doit être distribuée gratuitement jusqu’à 13 ans. Mais il semble que cette gratuité de l’enseignement primaire soit sous-entendue dans la plupart des cahiers.

À peine quelques brèves et rares allusions à la possibilité d’établir un enseignement secondaire. La noblesse de Riom demande des établissements pour la noblesse pauvre de l’un et l’autre sexe ; le Tiers de Saint-Dionisy, des écoles « uniquement destinées aux sciences profanes, confiées à des laïques après un sévère examen de leurs talents… » [3].

Dans l’ensemble, les préoccupations se portent presque exclusivement sur l’enseignement primaire. Les théories de Riballier, de l’abbé Saint-Pierre et autres sur l’organisation d’un enseignement secondaire féminin sont restées sans aucune influence.

Plus encore que par l’insuffisance de leur instruction, parce que la question semblait d’un intérêt national encore plus évident, les rédacteurs des cahiers ont été frappés par les conditions lamenta-

  1. Bligny-Bondurand. Cahiers de la sénéchaussée de Nimes.
  2. Cahier général du Tiers-État de Paris (Chassin : Les cahiers de Paris, t. II).
  3. Cahiers de la sénéchaussée de Nîmes.