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de foi féminine, « Les droits des hommes, déclare à son captif Thésée, Ménalippe, premier ministre des Amazones,

… nés de la force et non des dons de l’âme,
… nés Révoltent l’équité… »

« Le gouvernement féminin, dit encore Ménalippe dans une assez longue tirade, est plus sage que le gouvernement masculin. Ministres et rois, en effet, ne se décident que sous l’influence d’inconstantes favorites. Dans les conseils féminins, au contraire,

Nul intérêt secret ne porte à la vengeance,
Et le seul bien public y réunit les voix… »

Comme nous le voyons, la question de la participation des femmes au gouvernement n’est abordée que fort indirectement et par des détours littéraires ou historiques.

vi. Le premier plaidoyer de Condorcet

Le premier, Condorcet a le courage de renoncer aux discussions sur la loi salique, à l’évocation des Amazones et de traiter, en juriste et en homme politique, la question des droits politiques féminins et de réclamer des réformes immédiates, ouvrant aux femmes l’accès de la vie politique.

L’occasion lui en est offerte en 1788.

À cette date, l’ancien régime fait une dernière tentative de réformes et, suivant tardivement les conseils de Turgot et de Necker, le gouvernement royal tente d’organiser, en plusieurs provinces, des assemblées provinciales. À cette occasion, Condorcet écrit un Essai sur la constitution et les jonctions des assemblées provinciales. Quelles sont, se demande Condorcet, les conditions nécessaires à l’exercice du droit de cité ? Tl faut, répond-il, distinguer parmi les habitants d’un territoire donné, deux catégories : les propriétaires qui exerceront le droit de cité directement ; les non propriétaires qui exerceront le droit de cité par représentants. Condorcet se montre ici un fidèle disciple des physiocrates. Mais dans ce système physiocratique, il implique fort habilement le droit des femmes. Que les femmes soient aujourd’hui privées du droit de cité, c’est une « privation contraire à la justice, quoiqu’autorisée par une pratique presque générale ».

Le droit de s’occuper directement, ou par des représentants, des