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cation des femmes, à part l’abbé de Saint-Pierre et l’utopique Restif, ne prévoit l’organisation sur de nouvelles bases d’un enseignement féminin. Il est vrai que, comme l’a remarqué M. Gréard[1], les réformateurs ne voient de salut que dans l’enseignement individuel, distribué à la maison par la mère, secondée d’une maîtresse. Or, ce système n’est évidemment applicable qu’aux jeunes filles riches ou aisées. Mais ce sont les seules, à de rares exceptions près, qui intéressent nos réformateurs, à qui l’instruction des filles du peuple apparaît comme plus nuisible qu’utile. Ceux mêmes qui, avec l’abbé de Saint-Pierre, La Chalotais ou Riballier, envisagent l’organisation d’un enseignement collectif, ne visent que les filles de la bourgeoisie. Et ni l’un ni l’autre ne donne de suggestion précise sur la façon dont l’État pourvoirait au recrutement du personnel.

« L’État doit, dit Riballier, créer des collèges pour les pauvres filles avec des professeurs femmes[2] », mais il constate les difficultés presque insurmontables qui s’opposent au recrutement de ces professeurs.

On ne saurait dire cependant que toutes ces discussions aient été absolument stériles. Elles ont attiré l’attention publique sur une question d’une importance capitale et, jugée telle[3], développé enfin une littérature de vulgarisation destinée à l’enseignement littéraire et scientifique primaire [4].

  1. L’enseignement secondaire des jeunes filles.
  2. Riballier. Loc. cit.
  3. « La meilleure éducation des femmes, dit l’abbé de Saint-Pierre, augmenterait le bonheur de la société. » L’on retrouvera à la tribune des assemblées révolutionnaires l’écho de toutes ces discussions.
  4. Telle la Bibliothèque universelle des Dames, qui comprend 150 volumes : 37 de voyages, 30 d’histoire universelle, des traductions d’auteurs latins et d’auteurs étrangers, des ouvrages de science, de médecine domestique de beaux-arts.