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retour de Rome, elle se dévoue entièrement à la cause et se sert de tous les moyens en son pouvoir pour la faire triompher. Les hagiographes jansénistes lui attribuent l’institution des imprimeries secrètes[1]. D’autres affichèrent dans les rues, sur les promenades publiques, des placards jansénistes[2].

Leur hardiesse allait jusqu’à coller les proclamations dans les églises. Un jour, on trouva sur une colonne de l’église Saint-Séverin un placard ainsi libellé : « Les vrais chrétiens n’acceptent pas la Constitution (Unigénitus), quelque persécution qu’on fasse. » Ce placard était écrit de la main d’une femme[3].

Après l’affaire des convulsionnaires, les imprimeries jansénistes desservies par des femmes se multiplient. De 1733 à 1736, une vingtaine de femmes sont écrouées à la Bastille pour des délits de cette nature[4]. Très nombreuses également sont les femmes qui sont signalées comme colportant et répandant des écrits jansénistes[5].

Sans doute un certain nombre de ces femmes sont des servantes qui ne font qu’exécuter les instructions de leur maître, mais la plupart agissent de leur propre mouvement et cela montre bien l’emprise que le jansénisme exerçait sur les âmes féminines.

Les convulsionnaires nous offrent des exemples plus significatifs. Sur la tombe du diacre Paris, au cimetière Saint-Médard, les femmes furent bien plus nombreuses que les hommes. Toutes les classes de la société y communièrent dans une folie mystique. On y voit, par exemple, au milieu des femmes du peuple, la princesse de Conti[6].

  1. Nécrologie des défenseurs de la vérité.
  2. Arrestation de Marie-Angélique Moreau et de sa mère pour affichage de placards aux Tuileries. Funck Brentano. Ibid.
  3. Barbier. Loc. cit.
  4. (4) 1732 : Arrestation de la femme Bullot, pour impression des Nouvelles ecclésiastiques ; 1733 : Arrestation de Louise Dupré et de Mlle  de Saint-Hilaire, pour publications jansénistes ; 1734 : Arrestation des femmes Guillin et Courbet, pour les mêmes délits ; 1735 : Emprisonnement de la femme Gruveau ; 1736 : Arrestation de la sœur Lacroix, de Marie Fontaine, de la sœur Marie, des demoiselles Liébault et Noël ; 1737 : Arrestation de Catherine Danger et de Marguerite Molie ; — arrestation de Marie-Angélique Moreau et de sa mère, pour affichage de placards aux Tuileries ; — arrestation de la sœur Daubine, qui essayait de faire passer sous ses jupes, à la barrière de Paris, la Petite constitution janséniste ; des sœurs Maloi, qui colportaient des publications jansénistes (Funck Brentano).
  5. Ibid. Loc. cit.
  6. Barbier. Loc. cit.