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dictines de Locmaria, diocèse de Quimper, et de Neubourg, Bernardines de Maubuisson, sœurs de l’Union Chrétienne de Brest, Bénédictines de Valogne, Cordelières de Saint-Florent (Maine-et-Loire)[1].

Mais les motifs auxquels elles obéissent ne sont pas toujours d’ordre religieux. Beaucoup de religieuses restent parce que, privées de ressources, elles ne savent où aller ; d’autres parce que, malades, elles veulent finir leurs jours sans fatigues ; d’autres encore « pour ne pas être à la charge de leur famille ». Celles qui profitent de l’autorisation de s’en aller sont de beaucoup les plus nombreuses. Et elles allèguent, pour justifier leur décision, soit l’obligation religieuse à elles imposée sans leur consentement, soit l’impossibilité de vivre dans un monastère où la paix ne règne plus[2]. » Leurs déclarations témoignent et du relâchement de la discipline et surtout de l’affaiblissement de l’esprit religieux.

vi. Les femmes et la vie religieuse

De même que le rôle joué par les femmes dans les corporations de métier ne représente qu’incomplètement la place qu’elles tiennent dans la vie économique, de même on n’aurait qu’une bien faible idée du rôle joué par les femmes dans la vie religieuse si l’on se bornait à considérer les communautés religieuses féminines. Peut-être peut-on dire sans paradoxe que des ecclésiastiques et des laïques, ce sont les dernières surtout qui sont importantes pour l’histoire de la vie religieuse.

De tout temps, la puissance de la religion a été liée à son ascendant sur les âmes féminines, de tout temps c’est par les femmes que se sont répandues les sectes nouvelles et les doctrines mystiques, par les femmes qu’ont vécu les religions persécutées.

Le xviiie siècle n’échappe pas à cette loi. Essayer de porter un regard dans la conscience féminine, c’est mesurer à sa source même la force du sentiment religieux. Sans doute l’étude est malaisée. Elle ne pourra être faite ici avec les développements nécessaires et d’ailleurs elle échappe souvent au document. Néanmoins, il est possible de donner quelques indications de nature à indiquer la voie aux historiens qui pourront étudier plus spécialement cette question.

  1. Arch. Nation., D. XIX, 15.
  2. Ibid.