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préoccupation de montrer que le nombre des ecclésiastiques de France est trop considérable. Il est donc porté à exagérer tous les chiffres. D’autre part, le Comité ecclésiastique de la Constituante évalue, en 1789, le nombre des religieuses à 37 000[1].

On peut admettre cependant que ce dernier chiffre est un peu faible et que, si l’on se place à l’époque où écrit l’abbé Expilly, le nombre des religieuses était plus considérable. Il semble qu’on puisse les évaluer à 50 000 ou 60 000. Et, comme au cours du xviiie siècle, un assez grand nombre d’ordres étaient en pleine décadence et s’appauvrissaient, on peut s’expliquer ainsi les chiffres plus faibles relevés par le Comité ecclésiastique.

Les principaux ordres religieux féminins étaient : les religieuses de Saint-Augustin ou Augustines (au nombre de 15 000, d’après les évaluations d’Expilly), les religieuses de Sainte-Claire ou Clarisses (au nombre de 12 500), les religieuses de l’ordre de Cîteaux (10 000), les Ursulines (8 000), les Bénédictines (8 000), les Visitandines (7 000), les Carmélites (3 000).

Elles étaient groupées en 253 abbayes et 64 prieurés, auxquels il fallait ajouter les 24 chapitres de chanoinesses qui, nous allons le voir, bénéficiaient d’une organisation et de privilèges spéciaux. Ces abbayes, prieurés ou chapitres, comme le clergé régulier masculin, possédaient des biens assez importants mais qui, cependant, ne représentaient qu’une assez faible part de ceux du clergé.

L’abbé Expilly, qui portait à 119 millions le revenu des biens du clergé, n’évalue qu’à 3 700 500 livres le total des revenus des abbayes, prieurés et chapitres de chanoinesses[2]. C’est que 13 308 religieuses seulement (d’après Expilly) vivaient des revenus de leur domaine. Et toutes les autres appartiennent à des ordres mendiants qui ne possèdent pas de biens (tel est le cas des Visitandines, des Ursulines, des Clarisses). Il faut ajouter, il est vrai, à ces revenus, 8 millions qui constituent les revenus des hôpitaux.

Les terres possédées par les abbayes sont de véritables tenures féodales. Elles constituent des domaines dont dépendent des seigneureries vassales et sur lesquelles vivent un assez grand nombre de paysans, libres le plus souvent, parfois mainmortables. Un très grand nombre des déclarations de foi et d’hommage que nous

  1. Arch. Nation., D. XIX.
  2. Abbayes de filles : 253 ; revenus, 2 654 000 livres ; prieurés : 64 ; revenus, 680 000 livres ; chapitre des chanoinesses : 24 ; revenus, 360 000 livres ; maison des Chevaliers de Malte : 2 ; revenus, 16 500 livres.