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Un peu auparavant avait couru, à Paris, une satire, le Tanastès, violent pamphlet contre Louis XV et Mme  de Chateauroux. L’auteur présumé, Marie Bonafou, femme de chambre de Mme  de Montauban, qu’elle ait agi de son propre chef, ce qui est douteux, ou plutôt sur des inspirations venues de plus haut (c’est-à-dire du parti dévot hostile à Mme  de Chateauroux), fut arrêtée ainsi qu’une imprimeuse de Rouen, chez qui avait été imprimé le Tanastès, et plusieurs Parisiennes qui avaient aidé à sa diffusion[1].

Jusqu’à la fin du règne de Louis XV, très nombreuses sont les femmes arrêtées pour délits analogues. Il est rare qu’elles composent elles-mêmes des libelles contre le roi, mais elles les impriment et les répandent. On compte une vingtaine d’affaires semblables entre 1750 et 1774. Plusieurs femmes et filles se signalèrent dans la distribution de satires contre le comte d’Argenson, le Parlement Maupeou, l’abbé Terrai[2].

Plus tard, quelques femmes complotent avec les Jésuites, qui méditent de se rétablir en France : une femme Roger, veuve d’un faïencier de Lyon, achète pour eux des terres et des maisons[3].

Enfin le rôle de Modeste Leguay, dite Oliva, dans l’affaire du collier, est trop connue pour qu’il soit besoin d’en faire mention. La servante de la comtesse de la Motte et la femme du célèbre thaumaturge Balsamo furent impliquées dans la même affaire et, pour ce fait, emprisonnées quelque temps[4].

Enfin, comme à toutes les époques, un assez grand nombre de femmes furent mêlées à des affaires d’espionnage : des aventurières françaises ou étrangères, à la fois courtisanes, femmes d’affaires et espionnes internationales, formaient une foule cosmopolite dans laquelle les faiseurs de complots contre la société et la sûreté de l’État trouvaient de précieuses auxiliaires. Déjà, au cours de la guerre de Succession d’Espagne, Pontchartrain fait enfermer avec sa domestique, à la Salpétrière, puis expulser, une baronne, Marie de Rosenberg, Autrichienne qui intrigue pour le compte de l’empereur (1707), et une femme Quentin qui, profitant de ce que son mari est établi tailleur de l’autre côté de la Manche, sert les intérêts de la reine d’Angleterre. Plus tard, on arrête des Anglaises complices du comte Morton dont les intrigues, poursuivies au len-

  1. Funck Brentano. Loc. cit.
  2. Ibid.
  3. Ibid.
  4. Ibid.