Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée

tionnent à Paris. En 1769, une nouvelle organisation est établie. Les quatre bureaux fusionnent en un seul plus étroitement surveillé par le lieutenant de police. Aucune nourrice ne peut être placée par l’intermédiaire de ce bureau, si elle ne présente un certificat du curé de sa paroisse ; ce certificat témoignera de sa bonne santé et de sa moralité. Elle doit se charger du nourrisson tout le temps que les parents le jugeront convenable et elle ne peut le ramener dans la famille sans en être priée.

Le bureau des nourrices de Paris parut aux moins indulgents des contemporains une organisation modèle. « Sa direction active, éclairée, vigilante, dit l’un d’eux, ne mérite que des louanges[1]. »

En 1780, le bureau des nourrices de Lyon fut organisé suivant les mêmes principes.

La nourrice est donc assez communément utilisée ; sa fonction apparaît comme assez importante à l’État pour qu’il songe à réglementer sa profession.


xi. Galanterie et prostitution
Grandes courtisanes et filles du monde. Les abus de la réglementation
Le Bon Pasteur.


Les métiers qu’exercent les femmes sont donc multiples ; il semble bien qu’à la veille de la Révolution, la femme ait tenu, dans la vie économique et sociale du pays, une place au moins aussi large que pendant le cours du xixe siècle et que, de ce point de vue, elle n’ait guère jusqu’au triomphe de la révolution féministe, c’est-à-dire jusqu’au xixe siècle et au début du xxe, réalisé de grands progrès.

Il est hors de doute cependant que, dans la lutte économique, l’élément féminin était handicapé de toute manière par l’élément masculin, d’une part parce que quelques métiers ou professions (un assez petit nombre il est vrai en dehors des professions libérales) étaient interdits aux femmes par les lois[2], les règlements intérieurs des corporations jusqu’aux réformes de 1774-1776 ou simplement les préjugés, ensuite parce que la possibilité de recevoir une instruction professionnelle leur faisait généralement défaut, et que dans les corporations ou métiers, qui leur étaient accessibles, les

  1. Mercier. Loc. cit.
  2. C’est le cas pour le barreau ou la médecine.