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surtout à la nature, du soin de l’accouchement de sa femme et, la plupart du temps, ne faisait appeler personne à son chevet. « Mes paroissiens, écrivait, en 1776, un curé champenois, prennent plus de soin de leurs vaches quand elles veulent déposer un veau que de leur femme en ce qui regarde les accouchements. »

Ainsi, s’il est inexact de soutenir avec certains historiens[1] que l’ignorance des sages-femmes ait été commune, générale, du moins est-il avéré que le nombre des sages-femmes exercées demeurait fort restreint.

Direction des hôpitaux. — La direction et l’administration des hôpitaux qui, à l’origine, avaient été confiées entièrement à des religieuses, passe parfois aux mains des laïques. On prit d’abord les bourgeoises de la ville, qui remplirent bénévolement les charges diverses d’intendantes, d’économes, de directrices de salles. Mais à la fin du xviiie siècle, ces fonctions étaient devenues un véritable métier.

Dans tout hôpital un peu important, une femme était établie à la tête de chaque salle ou de chaque service : les unes sont préposées au soin des malades, d’autres distribuent le travail aux femmes, dirigent ce travail, en recueillent les produits, tiennent les registres de comptabilité, complètent au besoin l’instruction professionnelle des hospitalisées. Les hôpitaux généraux de Limoges, d’Aubusson, de Grenoble, par exemple, sont ainsi dirigés et administrés. Les employées sont fonctionnaires municipaux et les municipalités se préoccupent de leur assurer un statut et de leur imposer des règlements.

Ainsi à Grenoble, elles forment, depuis 1781, une congrégation séculière sous la direction d’un supérieur désigné par le bureau d’administration de l’hôpital, parmi les directeurs, et d’une supérieure élue par elles dans leur assemblée générale. Celle-ci est investie d’un service de surveillance, de centralisation et d’organisation ; elle collabore étroitement avec le bureau. Les demoiselles de l’hôpital sont sous son étroite surveillance et elles sont astreintes à une vie quasi monastique, mangeant en commun, sortant peu, modestement habillées, évitant toute mondanité. Du moins ont-elles, comme les religieuses, le droit de se réunir en assemblées générales

  1. Babeau. Le village sous l’ancien régime.