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La Montansier ne fut que la plus célèbre parmi les directrices de théâtre. Bien d’autres font des « tournées » et les archives départementales nous signalent fréquemment des femmes conduisant des spectacles dans différentes régions de la France. Ici, des directrices de théâtre ambulant donnant des représentations comiques ou tragiques ; là, des maîtresses de ballet conduisant une troupe de danseuses ; là, une écuyère donnant dans son manège des courses de chevaux et des exercices de cirque ; enfin, à un degré au-dessous, les marchandes foraines dirigeant d’innombrables jeux (jeux de bagues) ou montrant des curiosités[1].

Nous connaissons mal la vie de ces artistes ambulantes, sauf par la mention de leur passage dans les diverses villes ; mais nous pouvons deviner qu’elles furent un véritable roman comique.


viii. Métiers féminins autres que les métiers manuels
Fonctions bureaucratiques


À côté de la grande industrie qui appelle dans ses établissements des milliers de femmes, nous voyons mille occupations s’ouvrir à leur activité et à leur initiative.

C’est naturellement le commerce qui, sous toutes ses formes, leur offre les plus grandes facilités. Un grand nombre de femmes sont relieuses ; on en rencontre beaucoup à Paris et dans les provinces ; un certain nombre même se signalent par leur habileté et s’acquièrent une assez grande réputation. C’est une femme que nous trouvons chargée, à Nîmes, de garnir de cuivre les livres du chapitre de l’église cathédrale[2]. Ailleurs (Normandie), des femmes sont peintres en bâtiments.

Les hôtelières et cabaretières se rencontrent naturellement un peu partout, exerçant soit en leur nom, soit en survivance de leur mari.

Dans le Maine, où l’activité économique des femmes paraît très grande, nous les trouvons faisant, dans les bourgs ou les villages, toutes sortes d’affaires, soit associées avec leur mari, soit seules. Celles-ci passent entre elles des contrats de société[3], d’autres sont marchandes de bois ou fabricantes de sabots[4] ; à Saint-

  1. Arch. Com. Passim, série F.
  2. Arch. Départ., Gard, G. 713. — Arch. Dépar., Calvados, H, 133, suppl.
  3. Arch. Départ., Mayenne, C. 97-98.
  4. Arch. Départ., ibid. B. 133.