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corporation des couturières ; pendant longtemps ils n’avaient pas voulu admettre que celles-ci eussent le droit de fabriquer autre chose que des vêtements de dessous, se réservaient jalousement le monopole de la confection des corps de jupe ou corsages. Il n’en est plus ainsi au xviiie siècle car, à Paris et dans la plupart des villes de province, des accords se sont établis, entre les deux communautés[1]. Cependant, dans quelques villes encore, à la veille de la Révolution, les tailleurs d’habits gardent leur monopole et les couturières, au lieu de former une communauté autonome, sont agrégées à leur communauté. Il en est ainsi à Dijon, à Coutances[2] et dans toutes les localités importantes d’Auvergne où, nulle part, n’existe de corporation féminine autonome[3].

De leur côté, les fripiers protestaient contre l’établissement du corps des revendeuses à la toilette, les merciers de Rouen étaient en contestations continuelles avec les maîtresses brodeuses, auxquelles ils faisaient une concurrence acharnée et à qui celles-ci devaient faire interdire d’enjoliver, à l’encontre de leur privilège, les ouvrages de leur métier[4].

Si les corporations exclusivement féminines restent l’exception, les corporations mixtes qui admettent indistinctement les hommes et les femmes sont extrêmement nombreuses. Parmi celles-ci, il faut citer les drapiers, les tisserands, les grainiers (Rouen, Paris), les passementiers (Paris, Tours, Clermont), les cabaretiers (Tours, Orléans), les tonneliers (Nîmes), les tailleurs (Coutances, Angoulême, Dijon), les boulangers (Orléans, Paris), les merciers (Paris, Caen), les poissonniers (Paris, Dijon), les imprimeurs (Paris, Orléans, Caen), les limonadiers (Caen), les maçons (Apt), les corroyeurs (Annonay), les orfèvres (Lyon), les chaudronniers (Orléans), les charcutiers.

Dans telles villes comme Orléans, Caen, Paris, la plupart des corps de métiers (boulangers, chapeliers, chaudronniers, charrons, tourneurs, vinaigriers, moutardiers, etc.) sont ouverts aux femmes[5].

  1. Règlement entre les maîtresses couturières et les maîtres tailleurs de Caen (1719). Arch. Départ., Calvados, C. 2870. Charte des couturières de Commercy. Arch. Départ., Meurthe-et-Moselle, E, 353.
  2. Arch. Départ., Côte-d’Or, G. 177 (Admission d’une couturière dans la corporation des tailleurs). Arch. Départ., Calvados, C. 2789.
  3. Bouille. Corporation d’Auvergne.
  4. Arch. Départ., Seine-Inférieure, C. 136.
  5. Arch. Départ., Loiret, B. 2029, suppl. (État des métiers de la ville d’Orléans). Calvados, C. 2880.