Aux environs de Fougères, chez les sœurs de Chateaubriand ; au château de la Brousse, en Poitou, chez Mme de la Chastre, charmante et gaie ; chez Mme de Chilleau, dans son château, près d’Angers ; chez Mme de Ferrière, au château de Marsay, on joue, on danse, on organise des concerts, on donne des comédies[1].
Comme les femmes de la Cour, les femmes de noblesse provinciale ont encore, au xviiie siècle, un très grand orgueil de caste. Les usages veulent que les femmes portent les titres de leur mari, et cela, non seulement pour les véritables titres de noblesse, mais pour ceux des attachés aux fonctions publiques.
« La femme du seigneur haut justicier, dit l’Encyclopédie, a le droit, comme lui, d’être recommandée aux prières communales et reçoit, après lui, l’encens, l’eau bénite et le pain béni, elle suit son mari à la procession et a le droit d’être inhumée dans le chœur[2]. »
Les femmes de l’Intendant, du Commandant, du Lieutenant-Général, du Président, qui aiment à se faire appeler « Mme l’Intendante, Mme la Commandante, Mme la Lieutenante », et qui tiennent jalousement à leur titre, de même que Mme la Baillive et Mme l’Elue, dont parle Molière, reçoivent elles aussi des honneurs. L’arrivée de l’Intendante, dans les villes, est saluée par l’artillerie ; à peine installée, elle reçoit une délégation du corps de la ville qui vient lui offrir des présents, confitures, étoffes précieuses ou produits de l’industrie locale ; par exemple, à Grenoble, des gants[3]. Donne-t-elle le jour à un enfant, nouvelle procession du corps de la ville qui (comme en usa le corps de ville de Toulouse avec Mme de Saint-Priest, femme de l’Intendant) la gratifie d’un bijou précieux, en l’espèce, un diamant de 6 000 livres. Parfois dans une cérémonie, par exemple le baptême d’un enfant de qualité, la femme de l’Intendant figure comme marraine avec tout le corps de ville comme parrain[4].
Dans de nombreuses pièces officielles, les femmes sont gratifiées du titre de conseillères, voire tout au long de conseillère de Parlement[5].
Enfin, une déclaration royale du 14 octobre 1711 a décidé que les femmes des membres de l’ordre du Saint-Esprit et leurs veuves