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sans résistance, aux mêmes métiers que les hommes tendent, sous les formes les plus diverses, à exercer la même activité politique, et dans les mêmes formes. Non contente de siéger parmi les sénateurs, dans la vénérable curie, la mère d’Héliogabale institue un sénat féminin auquel elle appelle les plus grandes dames de Rome. Ce « petit sénat », réuni à jours fixes sur le Quirinal, a pour attributions, disent les historiens anciens, de légiférer sur la mode ; quels vêtements, quels bijoux d’or, d’argent ou d’ivoire, quelles pierres précieuses à leurs cous ou sur leurs souliers les dames romaines porteront, le « Sénacule » en délibère souverainement. Donc, parodie de l’auguste Sénat. Peut-être ! Mais qu’on se rappelle l’intelligence de la Syrienne Soémias et son rôle dans le gouvernement ; souvent sans doute on discuta politique dans l’assemblée féminine, et peut-être le grand Sénat dut-il parfois s’incliner devant le petit.

Le geste de Soémias dressant, dans une assemblée féminine, un rival au sénat de Rome s’éclaire d’ailleurs si, descendant un degré de l’échelle sociale, nous considérons, après les impératrices, les femmes de ces proconsuls et de ces propréteurs qui, gouverneurs et généraux à la fois, représentent dans les provinces la majesté de Rome et dont l’intelligente et libérale administration contribue tant à la civilisation impériale.

Leurs femmes participent à tous leurs travaux. Celles-ci « tiennent le tribunal, et du haut du prétoire lancent à toute la province des ordres rigoureux » ; celles-là interviennent dans les conflits des partis politiques ; d’autres, et elles sont nombreuses, mar-